De nouvelles perspectives dans le domaine du microbiote intestinal

L’enthousiasme de la science à l’égard du rôle du microbiote intestinal n’a cessé de croître au cours de ces derniers mois, porté notamment grâce aux nouvelles technologies, mais aussi par un décryptage de plus en plus précis de sa composition et de ses fonctions. La question de savoir comment les bactéries de l’intestin, mais aussi les probiotiques, exercent une influence sur la santé, est plus que jamais au centre de l’intérêt, comme en témoignent les présentations et débats qui ont animé pendant deux jours cette 8ème édition bisannuelle de l’International Yakult Symposium.

Premier enseignement important de l’événement, le périmètre du microbiote intestinal s’élargit désormais de son site initial: le côlon. En effet, les recherches menées par Michiel Kleerebezem (Wageningen University, Pays-Bas) démontrent l’intérêt pour la santé du microbiote de l’intestin grêle.

L’organe est un carrefour important de l’organisme, où le microbiote qui le compose entre en contact avec les aliments qui vont y être absorbés, et où ont lieu de nombreuses réactions immunitaires indispensables.

L’équipe de Kleerebezem a observé deux phénomènes dans une étude menée chez des adultes en bonne santé: la composition du microbiote y est d’abord différente du côlon et si les Lactobacilles n’y sont pas le genre bactérien dominant, ils peuvent s’y installer temporairement. En d’autres mots, une intervention avec des probiotiques modifie favorablement la composition du microbiote de l’intestin grêle et induit des changements favorables de la réponse immunitaire, mais également des réponses cellulaires comparables à celles de plusieurs composés pharmaceutiques.

Cela ouvre donc de nouvelles perspectives de traitement, en particulier pour des pathologies qui affectent directement l’organe.

Microbiote et syndrome métabolique
Le Professeur Nathalie Delzenne (Louvain Drug Research Institute, UCL, Belgique) a rappelé que la composition du microbiote est non seulement différente, mais aussi moins diversifiée chez une personne en surpoids, en comparaison d’un individu de poids normal. Ce déséquilibre rend l’organe plus perméable à la pénétration de composants bactériens. Ces derniers provoquent une inflammation diffuse et diminuent la sensibilité à l’insuline, faisant alors le lit du diabète de type 2.

L’équipe de Delzenne et Cani a également démontré récemment chez l’animal qu’une bactérie, Akkermansia municiphilia, joue un rôle de chef d’orchestre. Sa concentration dans le microbiote diminue en cas d’obésité et/ou d’alimentation riche en graisse, ce qui s’accompagne d’une réduction de l’épaisseur de la paroi intestinale et d’une augmentation de l’inflammation. Cette bactérie est donc une cible probiotique potentielle.

Contrecarrer la baisse de la sensibilité à l’insuline via un probiotique est aussi une piste privilégiée par Carl Huston (Loughbourough University, Royaume Uni). Dans son étude conduite chez 17 adultes en bonne santé avec Lactobacillus casei Shirota, il montre que le probiotique est capable d’empêcher la diminution de la sensibilité à l’insuline liée à une alimentation riche en graisse, par rapport à un placebo. Ces résultats préliminaires indiquent dès lors que les probiotiques pourraient exercer des bénéfices dans le syndrome métabolique.

La bactérie Campylobacter et l’HIV en point de mire
De nouvelles données sur la composition du microbiote du côlon ont également été présentées par Stefan Bereswill (Charité, Berlin, Allemagne). Celles-ci expliquent notamment pourquoi l’homme est particulièrement sensible aux infections à Campylobacter jejuni, responsable d’inflammation intestinale et de la diarrhée aiguë (généralement avec de la volaille contaminée). Ce constat a notamment été rendu possible en comparant le microbiote de la souris (résistant naturellement à la colonisation par la bactérie) et celui de l’homme.

L’analyse révèle que la seule présence chez l’homme de bactéries de type Escherichia coli suffit probablement à éliminer la résistance naturelle contre Campylobacter jejuni. Un effet qui est bien démontré par Bereswill en transplantant du microbiote humain à des souris axéniques (ou «germfree»). Chiara Di Angelo (University of Chieti, Pescara, Italie) a, quant à elle, étudié les applications possibles de probiotiques en cas d’infection à HIV, maladie qui est caractérisée par une altération de la barrière gastro-intestinale et une augmentation de la translocation microbienne (le passage libre aux fragments bactériens dans la circulation sanguine).

Son étude, menée avec le Lactobacillus casei Shirota, administré quotidiennement auprès de 30 patients infectés par le HIV, suggère un renforcement de la fonction barrière de l’intestin et une réduction des phénomènes inflammatoires dans l’intestin.

Microbiote et cerveau communiquent
Et si le futur de la psychiatrie était en nous? En effet, la bonne combinaison de bactéries au sein du microbiote pourrait exercer une influence favorable sur des maladies, telles que le stress ou l’anxiété. On parle de «Gut-Brain axis» ou d’un «Axe cerveau-intestin», dixit John Cryan (Cork, Irlande).

De nombreuses études menées chez l’homme et l’animal ont démontré l’influence cruciale qu’exercent les bactéries intestinales sur les communications entre le cerveau et l’intestin. Le groupe de Cryan a notamment montré que des animaux stressés présentent un microbiote moins diversifié, en plus d’une perception augmentée de la douleur. Si les changements du microbiote sont réversibles, la sensibilité à la douleur persiste davantage, ce qui signifie qu’un déséquilibre du microbiote aurait des effets à long terme.

Des facteurs tels que la méthode d’accouchement, l’alimentation du nourrisson, la génétique, une administration trop rapide d’antibiotiques, mais aussi le stress de la mère pourraient interférer sur cet axe chez l’enfant.

On pense d’ailleurs qu’une maladie comme le syndrome de l’intestin irritable serait attribuable à des altérations de l’Axe Cerveau-Intestin. Ici encore, la piste des probiotiques s’avère prometteuse, comme l’illustre une expérience menée par Cryan sur le comportement de souris stressées. L’administration du probiotique Lactobacillus rhamnosus calme la réponse au stress, réduit les comportements d’anxiété et améliore les aptitudes cognitives. Pour Cryan, l’avenir appartient donc peut-être aux «psychobiotiques».

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